Voici deux notes de lecture de membres de la SCA - Véronique Moineau et Frédéric Eggers de Villepin - sur ce livre passionnant offert par Les éditions Quæ.
Note de lecture de Véronique Moineau
« La démocratie chez les abeilles » est un ouvrage fascinant de Thomas D. Seeley, biologiste américain renommé, professeur au département de Neurobiologie et Science du Comportement de l’université Cornell, qui explore de manière approfondie la structure sociale complexe et l’organisation démocratique étonnante des colonies d’abeilles.
L’auteur commence par dépeindre la vie des abeilles mellifères dans leur environnement naturel. Il met en lumière le fait que les abeilles, malgré leur apparente simplicité, ont développé au fil de leur évolution des mécanismes sociaux sophistiqués qui leur permettent de prendre des décisions collectives cruciales pour leur survie.
Le livre approfondit ensuite l’organisation de la ruche, qui fonctionne comme une véritable démocratie. Les abeilles prennent des décisions collectives importantes, telles que la sélection d’un nouvel emplacement pour une colonie et l’expédition de « scouts » pour évaluer différentes options. Lors de ces processus de prise de décision, les abeilles utilisent un système de délibération complexe et étonnamment efficace, qui implique des débats et des évaluations du consensus au sein du groupe.
Seeley explore également le concept de « wisdom of the crowd » (la sagesse de la foule) au sein des colonies. Il montre comment les abeilles individuelles peuvent apporter des contributions distinctes et comment le groupe prend des décisions plus précises et optimales en agrégeant ces informations diverses.
En étudiant le comportement des abeilles, Seeley soulève également des parallèles intéressants avec la société humaine. Il encourage les lecteurs à réfléchir à la manière dont les principes de la démocratie chez les abeilles pourraient être appliqués aux décisions collectives des êtres humains.
En résumé, cet ouvrage offre une perspective unique et captivante sur la biologie sociale des abeilles. Il révèle leurs incroyables capacités en tant que société démocratique bien organisée. À travers cette étude, l’auteur met en lumière des leçons précieuses sur la coopération, la communication et l’intelligence collective, offrant ainsi une perspective nouvelle sur la démocratie naturelle et la sagesse de ces petites créatures qui peuplent notre monde. Elle est recommandée aux lecteurs intéressés par la biologie, l’éthologie et la complexité des systèmes sociaux dans le règne animal.
Note de lecture de Frédéric Eggers de Villepin
On associe communément et spontanément la démocratie à un type de régime politique que l’on rencontre dans les sociétés humaines. Alors, retrouver cette notion à propos des sociétés animales pour évoquer la prise de décision collective peut en surprendre plus d’un, démocrate ou non …
C’est pourtant là le thème de cet ouvrage de Thomas D. Seeley, professeur émérite du département de Neurologie et des Sciences du Comportement d’une grande université américaine. L’auteur n’est pas le premier à travailler sur le sujet de la prise de décision collective dans une société animale, ni à faire figurer le terme dans le titre d’un ouvrage ou d’un article scientifique, mais il a contribué (et contribue encore) de manière éblouissante à la connaissance de cet aspect des sociétés d’abeilles mellifères. Comme le titre le laisse supposer, on ne trouvera pas de référence au Ve siècle athénien, pas plus qu’aux expériences, jamais véritablement parfaites, d’instauration de ce régime au fil des siècles (1). Il s’agit d’une enquête passionnante sur la manière dont un essaim va retenir le meilleur choix parmi plusieurs propositions rapportées par les exploratrices, lorsqu’il s’agira de trouver un nouveau gîte et qu’il en va de sa survie. Cependant, le dernier chapitre de cette remarquable démonstration de l’existence d’une prise de décision collective chez l’abeille mellifère et des mécanismes et comportements sous-jacents est consacré à l’exposé de ce que l’auteur estime pouvoir en tirer pour la conduite des affaires humaines …
(1) Une phrase sortie du contexte de l’un de ses discours fera dire à Churchill à propos de la démocratie : « En effet, on a pu dire qu’elle était la pire forme de gouvernement à l’exception de toutes celles qui ont été essayées au fil du temps […] ».
- Éditions Quæ