Deux notes de lectures de membres de la SCA - Simon Fournier et Jean Courrēnt.
Yves Élie nous entraine avec joie dans son univers, sa vallée et ce qui s’apparente au dernier village gaulois résistant encore et toujours à l’envahisseur, décliné à l’échelle de l’abeille noire.
On découvre avec plaisir les traditions vernaculaires des apiculteurs cévenols qui, réexpérimentées par l’auteur et ses acolytes, leur donnent envie de laisser davantage faire la nature.
Les descriptions sont simples et belles et cela invite au pèlerinage dans cette vallée aux énigmatiques ruches troncs.
Beaucoup d’humilité dans ce livre qui, dans ces dernières pages, se révèle manifeste et rappelle au lecteur que l’espèce humaine se sauvera en laissant le monde se réensauvager.
Simon Fournier
C’est une vallée des Cévennes où Yves Élie, installé à Pont-de-Montvert, a entrepris de conserver l’abeille noire avec son rythme de vie et les caractères qui se sont imposés tout au long d’une longue adaptation débutée bien avant l’époque glaciaire. Ce n’est pas l’usine à miel de la triste apiculture industrielle qui sévit aujourd’hui sans pour autant être la panacée dont tant d’apiculteurs rêvent encore. C’est l’abeille d’ici qui résiste malgré tous ces apports étrangers qui exigent pour survivre une grande présence humaine. « L’abeille noire a développé des caractéristiques de frugalité, de vivacité et de réactivité qui la rendent particulièrement adaptée aux bouleversements que nous vivons aujourd’hui » retient Yves Élie.
« La vallée de l’abeille noire » est l’ouvrage à lire et à méditer. C’est une recherche conduite par un homme qui connaît les abeilles ; une grosse pierre dans le jardin des apprentis-sorciers de l’apiculture. Il invite à réfléchir sur l’intimité de nos relations avec cette grande famille de la ruche, et qui aime les abeilles en retire un bel encouragement. Revient alors à l’esprit, avec une grande insistance, l’observation de Francis Bacon : « On ne commande à la Nature qu’en lui obéissant ».
Pour Yves Élie, il s’agit « d’un projet d’éco-gastronomie expérimentant un tiercé de la joie de vivre réunissant l’abeille, l’apiculteur et ceux qui mangent le miel ou boivent l’hydromel, à vrai dire un droit fondamental qui devrait être gravé dans nos constitutions au bénéfice de toutes les créatures vivantes, animales ou végétales, dont la nôtre ». C’est du rapport homme/nature qu’il s’agit en effet, et une belle leçon de survie à l’heure où l’on y va de considérations sur le bilan carbone.
Jean Courrēnt