Société Centrale d’Apiculture

Voyage annuel de la SCA - 2012

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Voyage annuel

1er et 2 juin en Île-de-France
[bleu marine]Premier acte[/bleu marine]

Le parc Georges-Valbon (nom du premier président du Conseil Général de Seine-Saint-Denis) d’une surface d’un seul tenant de 415 hectares, a été créé de toute pièce et entièrement modelé par l’homme.

Du Moyen Age jusqu’au XIXe siècle, des cultures céréalières puis maraîchères y étaient pratiquées pour l’approvisionnement en vivres de la capitale. Mais les terrains étaient humides et inondables. C’est à partir de 1925 que l’idée de réaliser un grand parc public voit le jour.

Le parc que nous visitons maintenant a un caractère qui lui est propre : quoique parcouru par de nombreuses routes, la circulation automobile y est interdite pour l’agrément des promeneurs. Ce jour-là, une autorisation avait néanmoins été donnée à la SCA par les responsables du parc pour que nous puissions le parcourir en minibus.

L’idée est de réaliser de vastes espaces verts, sauvages ou aménagés. Le relief est totalement dessiné et conçu par l’homme. Ce sont les déblais des grands travaux de la région parisienne (La Défense, les périphériques…) qui vont permettre d’édifier ces vastes collines de part et d’autre d’une succession de bassins et de lacs. Les sols seront tous recouverts d’une fine épaisseur de terre végétale permettant la reprise des plantations.

La flore, de la roseraie jusqu’aux arbres exceptionnels abrite une faune très diversifiée : du renard à la belette sans oublier les 140 espèces d’oiseaux dont certaines ne passent là que pour la reproduction car elles y trouvent des habitats favorables et protégés.

Le rucher de la SCA est situé dans la partie Nord du parc, dans un enclos bien abrité et entouré d’un grillage de sécurité. Alain Sandmeyer nous présente les 14 colonies d’abeilles noires qu’il conduit et surtout ses ruchettes d’élevage de reines, point fort de ce rucher et qui contribue à la formation des élèves.

La miellerie située au bord du ‘’Grand Lac’’ répond parfaitement aux besoins tant pratiques que pédagogiques voulus par la SCA.

Le 2 juin : visite du site de Port-Royal des Champs.

Le site de Port-Royal des Champs est un ensemble constitué des ruines de l’abbaye de Port-Royal, du musée national de Port-Royal et d’un domaine forestier.

Fondée en 1204, et destiné aux Dames, Port-Royal est peu éloigné des Vaux-de-Cernay, abbaye destinée aux Hommes. Les religieuses se conforment à la règle Bénédictine puis à l’obédience Cistercienne.
Du XIIIe au XVe siècle, l’abbaye devient l’une des plus puissantes du bassin parisien grâce aux revenus des terres agricoles et des bois acquis.

Dans le courant du XVIe siècle, se pose un problème de conduite des religieuses qui n’est plus conforme à la règle Cistercienne. L’abbé de Cîteaux constate ce relâchement, mais c’est en 1602 que la jeune Jacqueline Arnaud (connue sous le nom de Mère Angélique), est élue abbesse par le chapitre. Elle entreprendra de réformer le monastère. Vers 1635, l’Abbé de Saint-Cyran devient le directeur spirituel du monastère L’essor qui en résulte sera brusquement arrêté par une épidémie de paludisme qui oblige les moniales à se replier sur Paris dans le faubourg Saint-Jacques.
Port-Royal des Champs
Les lieux étant vacants, ce sont des hommes qui s’y retirent en ermites. On les appelle les Solitaires. Ils fondent les “petites écoles’’ qui font de Port-Royal l’un des creusets de la pédagogie moderne.
Ami de Cornelius Jansen, l’abbé de Saint-Cyran est, avec Mère Angélique et son frère Antoine Arnauld, le chef de file d’un courant théologique se fondant sur la lecture des pères de l’Église dans les écritures anciennes. L’Augustinus de Jansen, devient l’objet de polémiques. Principal foyer de la pensée Janséniste en France, Port-Royal apparaît comme un lieu de résistance au pouvoir royal.
En 1709, Louis XIV fait disperser les religieuses puis raser leur abbaye.

Nous nous rendons à Saint-Remy-lès-Chevreuse chez un apiculteur reconnu et inventif : Jacques Kemp. Apiculteur depuis 35 ans, il conduit un rucher d’environ 50 ruches et ruchettes. Jacques Kemp nous fera part de ses travaux sur l’élevage de reines ainsi que sur ses innovations dans le domaine de matériels apicoles.

Jean-Baptiste Faÿ

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deuxième acte, Jacques Kemp

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Samedi 2 juin 2012 - après-midi.

Après l’étape touristique et historique du matin à l’abbaye de Port-Royal, nous nous replongions pleinement dans l’apiculture. Notre groupe était reçu par Jacques Kemp, président du SIARP, apiculteur de longue date, éleveur de reines et inventeur d’une multitude d’améliorations diverses dans le domaine de l’apiculture.

Son rucher d’élevage, en vallée de Chevreuse, est situé en pleine nature. Grand espace, diversement arboré et constitué de petites clairières, le lieu semble convenir tout particulièrement à la pratique apicole. Immédiatement nous entrions dans le vif du sujet, notre hôte nous exposant sa méthode simplifiée d’élevage de reines. Elle permet à tout apiculteur détenteur d’un petit nombre de colonies de se lancer dans l’aventure avec le strict minimum de matériel spécialisé : un picking, quelques cupules et une ou deux barrettes porte-cupules en plastique. Vous préparez au préalable un mélange 50/50 de gelée royale et d’eau minérale. Une goutte est déposée au fond de chaque cupule. Humecter la cupule avec uniquement de l’eau minérale est faisable, mais il en résultera un taux de réussite bien plus faible. Il faudrait pouvoir essayer les divers pickings au préalable afin de choisir celui avec lequel on « s’en sort le mieux ».

Sachez malgré tout que la difficulté est surtout d’acquérir le mouvement de la main et des doigts permettant de prélever la jeune larve - elle est toute petite et fragile - et surtout de la déposer proprement sur le lit de gelée royale au fond de la cupule.

Les larves prélevées sont issues d’un cadre provenant de l’une de ses meilleures colonies… si l’on en a le choix. Ne pas oublier que la larve doit être très jeune, le premier jour suivant l’éclosion de l’œuf est le stade idéal. La qualité des futures reines élevées est fortement conditionnée par la précocité de ce prélèvement. Cette méthode fait fi du starter.

Le greffage terminé - 10 à 20 cellules au maximum-, le porte-cupules est fixé sur un cadre spécial (au format d’un cadre de hausse dans le cas présent). L’élevage est confié à l’une des meilleures ruches en production avec un corps et deux ou plusieurs hausses déjà bien remplies. Au-dessus du corps placez une grille à reine. La réussite sera grandement améliorée si l’on profite d’une belle miellée. A défaut il convient d’en créer une artificiellement. Le cadre portant les cupules est incorporé dans la première hausse au-dessus de la grille à reine. La ou les autres hausses seront replacées dans l’ordre.

24 heures plus tard, contrôler l’acceptation des cupules. 8 jours après le greffage les cellules sont récupérées et sont utilisables. Vous n’aurez peut-être pas ce taux d’acceptation, mais, après tout, vous ne vous destinez peut-être pas au commerce des reines !

Utilisation des cellules : A) Si vous avez des nucléi ou des ruchettes de fécondation, introduisez la cellule de reine avec un paquet d’abeilles et nourrissez.

B) Vous voulez rémérer une colonie dont la reine est défaillante : enlevez cette dernière et pratiquez l’introduction de la cellule de la même manière. Le porte-cupules se bloque spontanément entre deux cadres. Une reine marquée (peinture ou pastilles collées au cyanoacrylate gel) est infiniment plus facile à repérer tout au long de sa vie.
Je vous conseille de faire ce marquage le plus tôt possible, à la première visite, surtout si vous êtes en présence d’un nucléus contenant un nombre restreint d’abeilles.

Jacques Kemp et ses deux collègues nous offrirent un grand moment d’apiculture, convivial et instructif. Rendre simple et peu onéreux cet acte essentiel à la bonne conduite d’un rucher. Quel plaisir enfin de pouvoir disposer de quelques reines un peu sélectionnées pour pallier les dysfonctionnements de plus en plus répétitifs constatés dans nos ruchers.
Merci Jacques de nous avoir consacré cet après-midi en plein cœur de la saison apicole alors que précisément, en ce printemps 2012, tout n’allait pas au mieux pour nos abeilles.

[/Michel Ricard