C’est un petit jardin un peu particulier où se côtoient chaque année, êtres humains et hyménoptères : petits Hommes et grandes Abeilles, jamais tout à fait les mêmes. Les uns, avides de découvrir ou d’apprendre encore et encore, les autres, pleines de ressources pour vivre ou… survivre.
Dans ce petit jardin un peu particulier, ces âmes à mille facettes se sont croisées lors d’une visite de printemps et d’automne, des décisions de division, de réunion, pour appréhender les maladies ou éviter un essaimage… tous les ingrédients d’un bon savoir faire et d’une belle technique d’apprentissage étaient réunis pour aborder cette année apicole. Gare à celles et ceux qui n’auraient pas suivi toutes les instructions d’un cahier des charges, bien énumérées par le Maître des lieux, de l’entretien du matériel à la tenue de la miellerie en passant par le grand respect des bonnes pratiques apicoles !
Quand le temps n’était pas favorable à l’ouverture des ruches, l’auditoire se prêtait au jeu des questions-réponses, un plein de passions déchaînées et de rires envahissaient le Pavillon Davioud, et les deux apiculteurs interrogés donnaient trois avis différents ! Institutionnellement, chaque séance se terminait par les exploits culinaires de nos gastronomes avertis, conjugués aux productions régionales de nos abeilles noires. Cent auditeurs se bousculèrent pour atteindre ce petit refuge de bien-être, quatre-vingts arriveront. La promotion Karl Von Frisch [*] était née : 38 femmes et 42 hommes motivés et heureux que la pluie et le grand soleil n’avaient jamais perturbés durant cette année mitigée.
Même la recherche des arbres du Jardin-dont l’intérêt apicole pour le nectar et le pollen est démontré- n’a rebuté aucun d’entre eux et pourtant, il fallait avoir un sens inné d’une orientation parfaite et un regard perçant pour découvrir l’Ailanthus altissima, (pardon je m’égare), l’ailante et autres savonnier, arbre de Judée, cerisier du japon, mûrier blanc, cornouiller mâle, marronnier d’Inde (qui n’a jamais été d’Inde). Parmi ces arbres à effeuiller par nos auditeurs, le tilleul argenté (Tilia tomentosa) fournissant sucres et protéines en abondance à nos avettes, mais des affirmations véhiculées depuis des décennies, sans argument scientifique bien clair sur la toxicité du nectar des fleurs de ces espèces végétales nous laissent perplexes et dans notre cas, 30 000 butineuses soit 1300 abeilles par ruche sur 23 ruches disparaissent de mort naturelle chaque jour au cours du butinage, il est normal d’en retrouver quelques centaines sous ces arbres…
Et que dire de nos insectes pollinisateurs méconnus (bourdons, abeilles solitaires…) et pourtant indispensables à la survie de toutes nos plantes à fleurs… Il fallait tout connaître le jour de l’examen et tous étaient presque incollables. Excellente mouture d’auditeurs dynamiques, curieux, trépignant d’impatience parfois. Et dès le 21 septembre, inlassablement une longue file de nouveaux « curieux » pour les années 2014-2015 sinuait déjà sur les chemins du Jardin du Luxembourg…
Quel bonheur d’en faire partie, merci Apis mellifera !
Brigitte Hautecoeur