Pourquoi cette visite, et quelles en sont les raisons ?
Nous avions entrepris l’élevage de reines au rucher du domaine de St Cloud (SCA) et au rucher de St Nom la Bretèche en 1972 en sélectionnant les mères issues de deux souches identifiées.
C’était important de savoir si cela marcherait : nous avions à chaque fois deux à trois colonies, avec lesquelles nous reproduisions les futures. Nous sommes arrivés à des graphiques qui renforcent les qualités recherchées.
Cela a duré jusqu’en 1991, qui a vu le déménagement obligé du rucher de St Nom. Pendant cette période, étant donné les difficultés rencontrées (problèmes de terrain et de permis de construire), nous avons perdu la race (en classe 12 de RUTTNER) et pris celle de Monsieur GAILLARD (Président de la SCA à cette époque) qui continuait la sélection en classe 13. II nous a fourni une ruche capable d’assurer la reproduction.
En 2003 il a fallu déménager une deuxième fois et puis j’ai pris connaissance du numéro spécial de l’O.P.I.D.A (Abeille Noire Bretonne). En même temps je côtoyais Madame Frédérique LORENZI, (Madame Lorenzi a été membre de l’ASPRONA, secrétaire générale de la Fédération Française d’Economie Montagnarde (FFEM) de 1986 à 1999, avant d’entrer à la Commission Européenne à Bruxelles au Secrétariat général).
Cela a provoqué le déclenchement, par son intermédiaire, de la prise de contact avec Monsieur COLLEOC à CHATEAUNEUF DU FAOU, lui indiquant que nous allions sur place à OUESSANT le week-end du 27.04 au 01.05.2007. II répondit que justement une équipe serait présente lors de cette visite et qu’il avait transmis la présidence à son ami Jacques KERMAGORET.
C’est ainsi que nous avons fait connaissance de l’ABEILLE NOIRE BRETONNE.
La sélection des souches raceuses se fait sur des bases scientifiques, en collaboration avec l’U.B.O. de Brest. Un conservatoire de 120 ruches existe, dans le cadre de l’isolat géographique qu’est l’île d’OUESSANT
(il est impossible d’y pénétrer depuis la terre continentale).
La maîtrise de l’élevage est absolument parfaite, des groupes de sélection et d’élevage de plusieurs régions de la France fonctionnent avec eux.
Installés depuis deux jours sur l’île, nous accueillons les travailleurs à l’arrivée du bateau : il s’agit de Jacques KERMAGORET, Michel BLOAS, Bertrand BEGOC, Serge LE DUC, Steven CREOFF, Patrick LE CUNFF (tous ont des activités très diverses, comme il se doit en apiculture).
Ils nous prennent en charge pour nous conduire dans le premier rucher.
La visite est très spectaculaire : les ruches sont d’un calme ! L’arrivée de six volontaires, plus nous cinq (Frédérique LORENZI, Bernadette LE NOUVEL, Pierrette LE MARTRET, Sylvie PROUVEUR et moi-même) ne les dérangeant pas.
Les gens travaillent avec ou sans masques.
Il faut dire que les ruches, étant donné que les ressources de nectar sont peu abondantes actuellement, il n’y a aucun arbre en OUESSANT, les floraisons sont un peu tardives, et que ce que l’on appelle la visite de printemps commence aujourd’hui 1er mai, les colonies présentent trois ou quatre cadres de couvain.
Une chose dont je vois la réalisation me stupéfait : à chaque visite on marque les reines nées en automne : Monsieur Serge LE DUC repère sur le cadre la reine, la prend avec le pouce et l’index par le thorax, fait un mouvement rapide et présente la reine en position pour recevoir des mains de Monsieur Jacques KERMAGORET la goutte qui la marquera, de couleur blanche cette fois-ci.
Et puis nous avons visité le magasin piloté par Monsieur Bertrand BEGOC : c’est un local où règne un ordre révélateur de la cohésion d’un groupe attelé à une tâche si importante nécessitée par les 120 ruches à entretenir et à conduire pour la production de reines.
J’ai offert à Monsieur KERMAGORET de lui faire l’indice cubital de ses colonies, le résultat est inscrit page suivante.
L’ABEILLE NOIRE BRETONNE, CONSERVATOIRE D’OUESSANT
Dans le Finistère dès 1987, quelques apiculteurs désireux de sauvegarder l’abeille, dans son écotype local, souhaitent fonder sur le site d’OUESSANT un rucher conservatoire vivant à l’abri de toute hybridation.
En 1989 se crée une association de type 1901.
En 1995 le rucher conservatoire fort de 30 colonies existe, l’ASSOCIATION ABEILLE NOIRE BRETONNE souhaite promouvoir l’élevage et la diffusion de souches sélectionnées de l’écotype local.
Les critères retenus pour caractériser notre abeille se sont inspirés de ceux de l’association BIBBA en Grande-Bretagne ; pour effectuer le contrôle, nous avons effectué les mesures d’indice cubital. L’indice cubital est le rapport existant entre les longueurs des nervures a et b composant une partie du périmètre de la 3e cellule cubitale de l’aile de l’abeille.
Variable d’une espèce à l’autre, il permet de faire une différenciation inter espèces, mais aussi d’établir un classement de pureté au sein d’une même espèce, comme notre abeille noire par exemple.
L’indice cubital permet de classer suffisamment pour un intérêt pratique.
(voir F.T.l1 8 021 DU BULLETIN TECHNIQUE APICOLE Andia 4-1973).
Par ailleurs d’autres critères sont pris en compte :
- Coloration noire - évidemment !
- Indice inférieur à 2 dans l’échelle de Goëtze
- Forte pilosité - de l’ordre de 0,45 mm
- Indice cubital : 1,5 < C < 2
- Valeur moyenne C < 1,75 (correspondant à la classe 12 de Ruttner)
- Population d’hivernage restreinte
- Hivernage possible avec 5 kg de provisions
- Cycle biologique annuel typique
- Fort amassage de pollen au printemps et lors de la reprise de ponte en octobre
- Pollen stocké à la périphérie du nid à couvain
- Arrêt précoce de ponte en été - vers la fin juillet
Les abeilles ont été prélevées par M. Kermagoret le 1er mai 2007, les mesures effectuées par Mme Catherine Pègues, adhérente du rucher du Domaine de St Cloud le 24.05.07.
Les colonies sont orientées vers un renouvellement des reines par supersédure.