Note de lecture de Christophe Romanin, membre de la SCA.
Ce livre fait découvrir une autre façon de conduire ses ruches. Les colonies qui vivent dans la nature sont la référence utilisée par les auteurs pour proposer ce changement de pratique apicole. Comment pouvons-nous faire pour que nos ruches aux minces parois offrent des conditions proches du tronc d’arbre de vingt centimètres d’épaisseur où vivent les colonies sauvages ? Comment pouvons-nous épargner aux abeilles une coûteuse stabilisation de la température et des taux d’humidité et de CO2 à l’intérieur de la ruche ?
L’objectif des auteurs est de proposer une solution pour arriver à l’homéostasie, c’est à dire résister aux variations de l’environnement et conserver un état d’équilibre. Avec pour but que les abeilles puissent contrôler à moindre coût le microclimat de la ruche en réduisant les influences du milieu extérieur. Et donc réduire le besoin en nectar et en miel, combustible nécessaire aux abeilles pour chauffer le couvain, le refroidir et gérer l’hygrométrie. Dans un environnement correctement isolé thermiquement, peut s’installer un équilibre, et les faibles variations de température pourront être régulées par le seul déplacement des abeilles (production de chaleur) et le travail d’évaporation (production de froid).
Ces conditions d’équilibre sont surtout nécessaires auprès du couvain et le fait de permettre aux abeilles de maitriser plus facilement la température et l’hygrométrie est un facteur clé pour le développement des œufs. On apprend que les œufs ont besoin d’une hygrométrie relative très élevée pour une éclosion réussie, autour de 95%. Et sujet d’importance, le succès reproductif des varroas est lui affecté par cette forte hygrométrie !
Après la présentation des fondements théoriques de cette nouvelle approche des pratiques apicoles, les auteurs abordent la mise en œuvre. Pour obtenir cet environnement aussi isolé que possible des variations extérieures, la solution proposée est à l’image d’une « bouteille thermos à l’envers » : une isolation à l’aide de partitions en rives de la ruche, un plancher agrémenté d’un double fond en polystyrène et un isobulle aluminisé posé sur le haut des cadres. L’espace entre les partitions sera divisé en deux chambres, séparées par une troisième partition. Dans une Dadant, on aura donc une chambre de couvain composée de deux cadres et une chambre sur cinq cadres pour les réserves (pollen et miel). La partition séparant les deux chambres sera déplacée au cours de la saison pour accompagner l’évolution de la colonie. Il est important de noter que cette « bouteille thermos à l’envers » ne permet pas la circulation des abeilles par le dessus des cadres. Elles se déplaceront alors par le dessous des cadres. C’est là la condition pour obtenir l’effet « cocotte-minute » recommandé par les auteurs, permettant une température contrôlée par les abeilles, une hygrométrie élevée dans la chambre du couvain et un minimum de condensation.
Les derniers chapitres du livre aideront l’apiculteur intéressé par cette approche dans la gestion de ses ruches, l’hivernage et la gestion de l’essaimage. C’est donc un guide pratique basé sur toute une approche théorique que nous propose Marc Guillemain, Damien Merit et Jean Riondet. Une lecture hautement recommandée.
Vous pouvez retrouver des vidéos de Jean Riondet sur la toile, par exemple : ici