Société Centrale d’Apiculture

Petits insectes, grands enjeux

Le mot du Président

Abeille en danger

La montagne a accouché d’une souris : l’AFSSA [1] a enfin trouvé les principaux responsables de la disparition de nos abeilles, varroa et la nosémose !

Faisant fi des résultats des enquêtes sur la mortalité, l’agence ignore que l’abeille des villes ou celle des montagnes, infestées elles aussi par l’acarien, se portent mieux que l’abeille des champs.
L’agence semble aussi atteinte de cécité, à ne pas voir les autres insectes pollinisateurs, quant à eux exempts de ce parasite, disparaître de même.

Affaiblies par l’appauvrissement de la diversité végétale et donc de leur nourriture, les abeilles se perdent et leurs communications s’interrompent, les colonies se meurent progressivement pour avoir ingurgité en continu des neurotoxiques (y compris dans le pollen stocké). Bactéries, virus, champignons qui préexistaient peuvent alors s’en donner à cœur joie.

Certes, il y a du multifactoriel dans la surmortalité des colonies. Mais hiérarchisons les facteurs, en commençant par réguler l’industrialisation débridée de l’agriculture et en interdisant cruiser et deltaméthrine.

La société civile a bien compris l’énormité des enjeux et se mobilise progressivement.
En atteste l’incroyable engouement que suscite l’abeille en milieu urbain.
En deux heures, lors des fêtes du miel au Jardin du Luxembourg et au Parc Georges Brassens, les 600 Kg de la production de chacun des ruchers disparaissent.
Parallèlement, s’organise la file d’attente pour l’inscription aux cours d’apiculture : on recense plus de 300 candidatures pour 100 places disponibles. La session 2011 est déjà complète, sauf à compter sur des désistements presque La SCA est par ailleurs saisie de nombreuses demandes d’expertise pour l’installation de ruchers, tant par des particuliers que par des associations, des entreprises, des organismes publics.
Elle met en place des partenariats : avec le Jardin d’Acclimatation, avec l’Institut National des Jeunes Sourds. D’autres institutions prestigieuses nous sollicitent.

Mais il faut maîtriser l’implantation des ruchers en ville.
La SCA a engagé une prometteuse concertation avec la Mairie de Paris, ses services, la DDSV [2], les autres organisations apicoles [3].
Sous l’égide de Fabienne Giboudeau, adjointe au Maire chargée de l’Environnement, la réflexion porte sur les équilibres naturels dans la ville, où l’abeille tient une bonne place.

Vespa vélutina nigrithorax étant désormais en Ile de France [4], il s’agit aussi de mettre en place un dispositif de lutte coordonnée pour limiter la propagation de ce frelon asiatique. La catastrophique invasion constatée dans le Sud-Ouest, en partie due à l’inertie des pouvoirs publics, ne doit pas se reproduire ici. Faute de quoi, nos colonies disparaîtront.
Nous avons donc demandé aux élus [5] de déposer une question écrite aux trois ministres concernés, ceux de la Santé, de l’Intérieur et de l’Agriculture. Quant à ce dernier ministère, nous avons rencontré son « Monsieur Abeille » Jean-Pierre Comparot, pour qu’il se mobilise.

Outre ses activités traditionnelles, la SCA travaille sur des dossiers de plus en plus complexes qui demandent une nouvelle énergie et de nouvelles forces, puisées dans l’élan sociétal en faveur de notre abeille.
Il faut exploiter cette cote de popularité montante, tout en prenant garde à ses effets pervers.

Bien que la ville soit devenue un paradoxal conservatoire de la biodiversité, la place naturelle de nos pollinisateurs se trouve à la campagne où ils doivent vivre et non survivre.
Nos gouvernants doivent aider pour cela nos agriculteurs à redevenir paysans, paysagistes et non chimistes, modernes jardiniers de France.

[1Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments

[2Direction Départementale des Services Vétérinaires

[3ADAIF, SNA, UNAF

[4Se référer au communiqué de la SCA

[5J-F. Lamour et Ph. Goujon, députés