Société Centrale d’Apiculture

Apprendre à vivre avec sa première colonie.

Apiculture en pratique

Ce petit résumé sans prétentions est surtout destiné à ceux qui se lancent dans « l’aventure ». Ceci étant le fait de la plupart de nos auditeurs au Jardin du Luxembourg, ce texte leur est destiné, mais il peut bien sûr aider n’importe quel néophyte

Avant

1. Fermeture du trou de vol. elle sera assurée au cours de la nuit par le cédant de la colonie. C’est la seule manière de ne pas perdre d’abeilles. Exception à la règle : lors des nuits chaudes de fin de printemps ou début d’été, quelques abeilles ont tendance à se prélasser sur la planche de vol largement après la tombée de la nuit. On peut essayer de provoquer l’entrée des noctambules en s’aidant de l’enfumoir, très, très discrètement, en un mouvement de recentrage vers le trou de vol. Le résultat est loin d’être garanti.

2. Dans tous les cas l’approche de la ruche par l’apiculteur doit être très silencieuse, le moindre choc à proximité de la ruche, ou pis encore, sur la ruche, sera immédiatement suivi d’une sortie plus importante.

3. Ne pas s’acharner sur la rentrée d’une ou deux récalcitrantes, plus l’opération dure et plus le nombre de sortantes augmente.

4. Le matériel, ou matériau, de fermeture doit être prêt.
Le plus simple, très efficace, silencieux d’emploi, est la bande de mousse Dunlopillo.
Elle sera prédécoupée, de dimensions un peu plus fortes que l’ouverture à obturer, afin que ce bouchage soit efficace et que la compression de la mousse assure son bon maintien en place. La mousse doit être vraiment forcée dans le trou de vol avec un outil métallique et non simplement placée devant l’entrée.

5. ON NE PEUT SE SERVIR DE MOUSSE QU’EN PRÉSENCE D’UN FOND AÉRÉ !
Sinon asphyxie rapide garantie.

6. En cas de fond plein, aucune aération n’est possible par le plancher, il faut donc qu’il reste une possibilité d’entrée d’air par le trou de vol. Celui-ci ne pourra être obturé partiellement que par une porte d’entrée à arcades. Les vis de fixation ainsi que les portes auront, bien sûr, été fixées avant l’installation des abeilles, afin qu’il n’y ait que la porte à abaisser. Attention elles ont un sens : la fermeture de transport est assurée avec la partie « petits trous ».

7. Enlèvement de la ruchette :

  • Le soir même de la fermeture du trou de vol. Ce sera forcément dans la nuit et ce départ sera conditionné par l’heure à laquelle le cédant aura pu fermer le trou de vol.
  • Le lendemain matin. C’est certainement la meilleure solution. Le cédant a tout son temps pour fermer la ruchette. Les abeilles ne souffrent nullement de cette fermeture nocturne.
    Par contre, si le rucher est en plein soleil, le cédant devra déplacer la ruchette vers un endroit ombré.

8. Si quelques abeilles, non enfermées la veille au soir, volettent autour de leur « maison », Il ne faut, en aucun cas, entrouvrir la fermeture pour les faire entrer. Le résultat serait catastrophique. Chassez ces rebelles avec l’enfumoir, elles resteront sur le site et se feront accepter par les colonies voisines.

Pendant

Matériels, outils et matériaux utiles ou indispensables au transport.

1. En priorité absolue : munissez-vous d’une BONNE SANGLE avec boucle de serrage valable. C’est le seul moyen de prévenir l’ouverture d’une ruche en cas de chute ou renversement de la ruche. Proscrire les ficelles et autres cordes qui peuvent se détendre ou glisser.

2. Un enfumoir, du combustible, des allumettes. Un accident, même léger, est vite arrivé. Il n’est jamais sûr que la fermeture ne joue pas un peu.
L’enfumoir peut alors vous aider à retrouver votre sérénité !

3. Une tenue de protection : combinaison, vareuse, chapeau et voile, gants.

4. Un outil : lève-cadre ou fort tournevis.

5. Un voile (tulle) assez grand pour recouvrir la ou les ruches transportées. Les abeilles qui pourraient s’échapper seraient retenues sous le tulle et ne se répandraient pas dans la voiture.

6. Des cartons vides de tailles diverses. Une ruchette est bien loin d’occuper la totalité du plancher d’un coffre de voiture. De plus elle est haute par rapport à sa base, elle peut se renverser facilement. Ce risque de renversement ou de ballade dans le coffre sera d’autant plus grand que la route sera sinueuse. Les cartons permettront de stabiliser la ruchette
_
Certains coffres sont équipés de points d’ancrages qui permettent un bon arrimage.

7. Placez sous la ruche, sur la moquette du coffre, un carton rigide ou une feuille de contreplaqué. Sinon, la ruchette s’enfonçant +/- dans la moquette, l’aération basse risque de devenir insuffisante.
Si le voyage dure un peu : bonjour les dégâts.

8. La voiture ne sera JAMAIS ARRÊTÉE AU SOLEIL.

9. Si, malgré toutes ces précautions, quelques abeilles s’échappent dans la voiture, NE VOUS EFFRAYEZ PAS. Elles vont immanquablement se coller aux vitres, cherchant la lumière. Elles ne viendront pas vous attaquer. Vous êtres vraiment le cadet de leurs soucis. Continuez votre route.

10. Si malgré tout, la trouille l’emporte, arrêtez-vous tranquillement, ouvrez les vitres, elles s’échapperont immédiatement.

11. Profitez-en pour essayer d’améliorer la qualité des fermetures.

12. Enfilez éventuellement une protection vestimentaire. N’oubliez pas que vous serez dévisagé comme un extraterrestre et qu’il ne doit pas être évident de conduire avec un voile !

Après : court terme

Tout s’est bien passé. Il faut maintenant installer les abeilles sur leur site d’accueil.
1. Surtout s’il fait chaud, sortir immédiatement la ruchette du coffre et la placer sur son emplacement définitif.

2. La ruchette, toujours fermée, sera laissée au repos 10 à 15 minutes, voire une demi-heure à une heure. Les abeilles perdent une bonne part de la surexcitation due au transport et divers chocs. Leur sortie à l’ouverture sera moins tempétueuse.

3. L’emplacement recevant la colonie a été préparé à l’avance. Il est net, propre, sans herbe haute, équipé d’un support ad hoc, surélevant la ruche et l’isolant du sol.

4. C’est votre première ouverture de ruche après transport : protégez-vous. Malgré le temps de repos, les premières abeilles sorties risquent de vous apprendre à piquer un sprint olympique.

5. Pour enlever la mousse ou relever la porte à arcades, placez-vous derrière la ruche. Cela parait évident, mais il est terriblement tentant d’être devant, ne serait-ce que pour mieux voir ce que l’on fait !!

6. Reculez suffisamment et admirez leurs premiers vols de reconnaissance. Le grand jour est arrivé, vous êtes devenu un dompteur d’abeilles…enfin presque. Elles ont tant à vous apprendre, si vous prenez le temps de les comprendre.

7. ELLE est là. Si c’est la première d’un futur rucher, vous en êtes amoureux. Contentez-vous, au départ, d’un amour platonique. N’allez pas la tripoter, laissez-la en paix. Elle vous le rendra avec générosité.

8. Il n’est jamais mal venu de nourrir une colonie que l’on vient d’acquérir. A moins d’avoir assisté à une ouverture et à un contrôle des réserves chez l’apiculteur cédant, vous n’avez aucune idée de l’état des provisions. Même en pleine saison mellifère, un petit supplément est toujours apprécié par les nouvelles pensionnaires.

Après : moyen et long terme

1. Si vous débutez, essayez d’avoir dès le départ, ou assez vite, deux colonies. Un pépin important avec une colonie n’a rien d’exceptionnel.
Si vous n’avez qu’une ruche, la perte est de 100% et est moralement désastreuse.
Avec 2 colonies, vous augmenterez très largement vos chances de sortir victorieusement de ce démarrage.

2. Cette ruchette ne peut, en aucun cas, constituer l’habitat définitif de vos abeilles qui ne peuvent y trouver un espace de développement convenable.

3. Si la ruchette est lourde (mais il faut une certaine expérience pour donner un sens à ce terme), ou si, lors d’une visite faite dans les jours qui suivent, vous voyez des abeilles sur tous les cadres, vous devez alors passer de ruchette en ruche. Sinon risque de blocage de ponte de la reine.

4. La ruche, 10 cadres pour une Dadant par exemple, est OBLIGATOIREMENT équipée de cadres du même modèle que ceux de la ruchette. Elle est prête, bois traité, 5 cadres complémentaires cirés.

5. Les abeilles de la ruchette sont « averties » par quelques bouffées de fumée au trou de vol.
Elles entrent en bruissement.

6. Cette ruchette, laissée ouverte, est légèrement déplacée afin de pouvoir positionner la nouvelle ruche sur l’emplacement exact qu’occupait la ruchette.

7. Dans le corps de ruche ouvert, vous pouvez avoir disposé, en rives, 1 ou 2 cadres munis de leurs cires gaufrées. Cela occupera les butineuses, retour des champs, qui vont, sans aucun état d’âme, entrer par le nouveau trou de vol que vous leur proposez.

8. Dans la ruchette écartée, vous allez prélever, un à un, les divers cadres afin de les transférer dans le corps de ruche.

9. Vous commencerez toujours par décoller (propolis) un cadre de rive en essayant de choisir celui qui paraît porter le moins d’abeilles. La reine a infiniment peu de chances de se trouver sur ce cadre.

10. Avec douceur vous l’extrayez de la ruchette et vous le descendez dans la ruche, très facilement puisque celle-ci est vide ou pratiquement vide. Ces cadres peuplés seront centrés dans le nouvel habitat. Si vous avez ôté de la ruchette le cadre de rive gauche, ce dernier sera replacé dans la ruche en position 3 ou 4 depuis la gauche et ainsi de suite.

11. L’espace étant plus large dans la ruchette, vous aurez beaucoup plus de facilité pour sortir le cadre 2 puisque vous pourrez l’incliner un peu, évitant ainsi de « rouler » les abeilles entre deux cadres contigus.

12. Les cadres seront mis dans la ruche dans la disposition EXACTE qu’ils occupaient dans la ruchette.
Ne perturbez pas l’ordonnancement du nid à couvain.

13. Les espaces vides, à droite et à gauche, seront garnis avec des cadres porteurs de cires gaufrées préalablement préparés.

14.Tout est parfait, un seul hic : il reste pas mal d’abeilles sur les parois de la ruchette vide !
plusieurs solutions :

  • Vous prenez la ruchette fermement dans vos mains, vous la retournez et vous la tapez, très sèchement sur la ruche encore ouverte. Vous ne frappez pas à plat, vous écraseriez beaucoup d’abeilles, mais angle ruchette contre angle correspondant sur la ruche.
    Il faut un très bon coup de main, gardez cette technique pour plus tard, quand vous serez devenu un apiculteur.
  • Vous appuyez la ruchette, couchée sur le flanc, sur un bord supérieur de la ruche (toujours ouverte) et, avec votre brossette, très légèrement, vous faites tomber les dernières abeilles dans la ruche. Attention, la reine peut être parmi elles.
  • Vous avez reposé le couvre-cadres sur la ruche, l’accès haut est fermé mais il reste l’accès bas, naturel, par le trou de vol. Inclinez la ruchette afin qu’une de ses parois vienne s’appuyer contre la planche de vol et…observez.
  • Si la reine est bien sur les cadres dans la ruche, les abeilles de la ruchettes vont très vite se précipiter vers la planche de vol et l’intérieur, d’autant plus qu’un bon nombre de copines sont en train de battre le rappel.
  • Si, par malheur, la reine n’est pas dans la ruche, rien ne se passera ainsi. Vous assisterez à un reflux rapide, vers l’extérieur, des abeilles entrées avec les cadres. Vous entrez dans les difficultés.
  • Rassurez-vous, si vous avez opéré avec calme et méthode, cet incident ne doit pas se produire.

15. On ferme tout et on laisse ces demoiselles construire leurs rayons de cire et engranger nectar et pollen, pendant que la reine mère pond et pond encore.

16. Surveillez régulièrement la prise de poids de la ruche. Mais, sauf si la saison est extrêmement favorable au point de vue de la météo et des richesses florales tant en nectar qu’en pollen, ne vous précipitez pas pour ouvrir à nouveau la ruche. Il faudra souvent aux abeilles plusieurs semaines pour bâtir et garnir les 5 cadres garnis de cire gaufrée.

17. Un jour enfin, une visite de la ruche vous montrera que les abeilles sont présentes sur les 9 ruelles situées entre les 10 cadres et que ceux-ci sont tous bâtis et plus ou moins remplis de couvain, pollen et miel.Il sera alors temps de placer la première hausse et de rêver à la première récolte.

C’est une autre histoire qui commence.

Glossaire

Ruche : habitat d’abeilles comportant 10 cadres (quelquefois 12).
Modèles de ruches : Dadant, Langstroth, Voirnot. Ce sont les plus fréquemment employés, avec, dans notre entourage, une majorité de Dadant.

  • Acquéreur : vous devez vous informer, auprès de votre fournisseur, du type de ruche utilisé.
  • Cédant : votre premier devoir est d’informer l’acquéreur.

Ruchette : habitat restreint, plus léger, moins encombrant, facilitant transport et manutentions.Comportant 5 cadres (6 parfois). Ces cadres seront OBLIGATOIREMENT du même format que celui de la ruche destinée à l’habitat définitif de vos abeilles. On ne passe pas d’un modèle à l’autre.
La ruchette est un temps de passage pour une colonie, elle ne permet, en aucun cas, un développement correct.

Essaim : c’est un groupe d’abeilles (10 000 à 20/30 000 individus) qui vient de quitter une ruche mère. C’est la division. Il possède une reine et des ouvrières, il est parfaitement constitué pour survivre. Il est qualifié d’essaim tant qu’il n’est pas fixé, naturellement ou par la grâce d’un apiculteur, dans un habitat pouvant être définitif.

Colonie : un essaim installé dans une ruchette ou ruche, comme dans une cavité naturelle, va commencer à construire des rayons de cire permettant la ponte de la reine et le stockage de provisions. Il va alors s’appeler colonie.

Essaim naturel : c’est la division naturelle d’une colonie, sans intervention de l’homme.

Essaim artificiel : c’est l’apiculteur qui divise lui-même une ou des colonies mères pour créer une ou des colonies filles.

Enfumoir, lève-cadre, cadres, corps, trou de vol, planche de vol, fond de ruche, plancher de ruche – aéré ou non, vêtements de protection, supports de ruche,… autant de termes techniques qui seront explicités maintes et maintes fois tout au long de ces mois d’apiculture. Ils constituent le B.A, BA de la technique apicole.

Acquéreur :

  • Êtes-vous certain que l’implantation de votre nouvelle ruche soit en accord avec la réglementation départementale ou municipale ?
    FONDAMENTAL : Le code rural, les règlementations préfectorales et municipales, constituent l’un des volets régissant l’implantation d’un rucher, mais n’oubliez pas que le point le plus important est constitué par les rapports de bon voisinage. Vous pouvez être parfaitement respectueux des us et coutumes, si l’un de vos voisins est mort de peur à l’idée que des ruches soient installées dans le voisinage, vous serez bien en peine pour passer outre à ses plaintes et revendications.
    Généralement, il ne parlera pas pour lui, mais pour ses enfants ou petits enfants qui, bien sûr, sont allergiques. Allergiques à quoi, il ne le sait pas toujours mais, de toute façon : « ils sont allergiques ». Quelquefois, assez souvent, quelques pots de miel viendront aplanir les difficultés. C’est jouable, mais pas gagné d’avance, loin
    de là.
    Choix cornélien : ses abeilles ou une convivialité de voisinage.
  • Une assurance « Responsabilité Civile » est ABSOLUMENT indispensable pour parer à d’éventuels problèmes avec le voisinage.
    En tant que membre de la SCA et abonné à l’Abeille de France, vous bénéficiez automatiquement d’une RC gratuite jusqu’à 10 ruches détenues…A condition que nous soyons informés de vos acquisitions.
  • Enfin, toute détention de ruche doit être déclarée à la Direction Départementale des Services Vétérinaires de votre DOMICILE PRINCIPAL.
    Coordonnées de ce service : auprès de votre préfecture. _
    Malheureusement, depuis 3 saisons, l’administration de tutelle est venue tout compliquer. Si la nouvelle procédure semble définie, par contre son application est devenue très aléatoire. Voir les dernières précisions sur le site Internet de la SCA ou sur celui d’un syndicat apicole, et sur le site de l’Abeille de France, rubrique circulaireBGAL.
M. Ricard
Rucher École du Jardin du Luxembourg