Société Centrale d’Apiculture

Quand le sarrasin revient

Fleurs

15 juillet 2012 : Dans mon rucher du Finistère la récolte de l’année s’annonce médiocre. Mais le hasard a voulu qu’à cinq cents mètres de mes ruches d’immenses parcelles de sarrasin, couvrant environ huit hectares, débutent leur floraison.

Champ de sarrasin

Un essaim enruché seul en juin commence à garnir sa hausse. Dans les jours qui suivent, dès le matin, des bataillons d’ouvrières se lancent à l’assaut de cette bourdonnante plaine blanche que je suis allé voir de près. Plusieurs abeilles par mètre carré s’activent en sautant rapidement de fleur en fleur. Celles-ci de couleur blanche donneront du blé noir, en breton ED DU.
Certaines butineuses récoltent du pollen gris vert. Butinage

Avec cette manne providentielle une grande effervescence règne dans mon rucher à tel point que le 25 juillet un essaim sort d’une ruche et après un vol stationnaire va s’enrucher tout seul. Voir méthode de piégeage Abeille de France n°992 page 41. Cet essaimage me donne l’idée de profiter de cette miellée pour constituer trois ruchettes et la météo aidant - on parle de canicule en France - la fécondation des reines se déroule fort bien.

La floraison du sarrasin, semé en mai dure environ un mois et la récolte effectuée après le 15 août donnera en moyenne 15 kg de miel par ruche.

Cadre et pot de miel de sarrasin Les cadres de miel de sarrasin sont très faciles à désoperculer et à extraire.

Le miel de couleur sombre a un arôme particulier mais il est le meilleur pour la confection du pain d’épice.

Je me souviens d’une conférence donnée par le chercheur Guy Lemeunier en décembre 2003 au Pavillon Davioud et dont le sujet était : l’apiculture au 19e siècle. Il dit à un moment, en parlant de la cire, que le cierge pascal qui devait être blanc était réalisé à partir de la cire des abeilles qui avaient butiné le sarrasin…

La plante elle-même supportant les terres pauvres et granitiques a des tiges tellement serrées qu’elle est réputée pour nettoyer les sols, les mauvaises herbes ne pouvant se développer.

Les spécialistes diront que le blé noir n’est pas une céréale, certes, mais il donne et c’est l’essentiel, une farine bien blanche transformée en Bretagne en délicieuses et craquantes galettes.

1950 : Gamin, en été à la campagne, j’aimais écouter les abeilles butiner sur la rosée les parcelles de blé noir régulièrement semées à l’époque. J’entends encore, au moment de la moisson, le ronronnement régulier de la batteuse entourée de poussières odorantes ou pour des récoltes moindres, le bruit si particulier des fléaux s’abattant en cadence sur les tiges disposées sur une bâche sur une aire à battre. J’entends aussi, entonnée entre autres au cours des noces campagnardes une jolie chanson de Théodore Botrel dont les paroles disaient à peu près ceci :
« Ah ! Nulle bretonne n’est plus mignonne à voir,
Que la belle que l’on appelle Fleur de Blé Noir…
 »